Word World (par Jacques Demorgon)

Cf. aussi site : jacques-demorgon.com L’homme sportif et olympique en synergie avec l’histoire humaine, 2017 avec des extraits de l’ouvrage : Le sport, la vie, la mort – Religions, femmes et sports – Sport et violences : un calendrier meurtrier 1964-2001

« Les sports dans le devenir des sociétés. L’invention des jeux olympiques modernes par Pierre de Coubertin », dans Actes du colloque Pierre de Coubertin, Reims, 2005.

Omul Antagonist. Traducere din limba franceză de Victor Untilă. Bucuresti: Ed. F. Romania de Mâine, 2017 – J. Demorgon : L’homme antagoniste.

Partea a III-a. Mituri, Limbi-Culturi, sport

XIV. Jonctiunile sporturilor de la o formà de societate la alta, 125-131

XV. Articularea contrariilor în sport, 132-138

Partea a V-a. Vitorul Antagonist

XXV. Planeta Sporturilor 

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2017. Mutations des sociétés et médiations des sports. Avec l’Histoire. Des Grecs à la mondialisationLa Révolution prolétarienne n° 798,  septembre.

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2016 : J. Demorgon in L’homme antagoniste, Economica

3e partie. Mythes, langues-cultures, sports

XIV. Les sutures des sports d’une forme de société à l’autre, p. 153-163

  • 1./ Les sports à la lumière de l’histoire longue
  • 2./ Des Jeux Olympiques grecs à la renaissance britannique des sports
  • 3. Renaissance des Jeux Olympiques mondiaux et violences nationalistes du 20es.
  • 4. Rien d’humain n’est étranger au sport 
  • 5./ Occident, Chine et Jeux Olympiques : une longue histoire

XV. L’articulation des contraires dans les sports, p. 163-170.

  • 1./ Le sport, articulation des contraires
  • 2./ Le sport comme action et comme représentation
  • 3./ Une permanente solidarité de l’individuel et du collectif
  • 4./ « Égalité, inégalité », l’ingrédient de la compétition coopérative
  • 5. Une symbolisation de l’intérité conflictuelle humaine
  • 6./ Les sports ou la violence entre mimesis et catharsis
  • 7./ Sports au défi : entre aliénation et sublimation
  • 8./ Corps omnisports, médium mondial
  • 9./ Les sports, diachronie et synchronie : lien social, suture intersociétale

5e partie. L’avenir antagoniste

XXV. Planète des sports, 311-320

  • 1./ La retransmission mondiale des compétitions sportives
  • 2./ Le rugby aussi comme enjeu de mondialisation !
  • 3. Compétition de mondialisation, contre-culture sportive de mondialité
  • 4./ La conquête sportive de la nature partout et par tous
  • 5. La prolifération des NPS
  • 6. NPS et mondialisation technologique, médiatique, commerciale
  • 7./ Conquête sportive terrestre et maritime de la planète

2012. Les genèses britanniques et françaises du sport mondial 

Synergies Royaume Uni & Irlande n°5, 2012, p. 33-42

Résumé : Il est aujourd’hui nécessaire de disposer d’une histoire planétaire, à l’échelle des millénaires. C’est elle qui nous permet de poser ce qui relève de l’évolution des sociétés – des tribus aux royaumes, aux nations – et ce qui relève de l’évolution conjointe des grandes activités : religion, politique, économie, information. Les sports de compétition en font partie. Ils apparaissent quand les tribus grecques ont besoin de plus de discipline pour fonder les Cités. Ils s’amenuisent quand se substituent à eux des rites religieux qui organisent les jours, les semaines, les années. Ils renaissent quand les nations conjoignent l’économie et l’information pour s’inventer sur les échecs des royaumes. Ils explosent avec la mondialité planétaire. C’est alors qu’il faut comprendre
les gloires des langages et des cultures des deux nations, britannique et française. La Grande-Bretagne, à partir de son Parlement, opère la suture entre Royaume et Nation, entre « économie, démocratie, sport ». Elle redonne aux autres nations l’ancien trésor grec de la compétition sportive. En France, Pierre de Coubertin s’en fait le passeur. Davantage, sur le coup de force symbolique de la nation France, se posant dans l’universel, il met au monde l’universalité des Jeux Olympiques. Le meilleur et le pire restent possibles parce que le langage des sports est d’abord humain, avant d’être angélique ou diabolique. Il s’invite médiation heureuse des oppositions, simulation ludique de l’avenir du monde. A chacun de nous de le comprendre et d’y contribuer. 

Mots-clés : Grande-Bretagne, France, sports, nations, mondialité, olympisme 

Summary: Today we need a planetary history; one that spans the millennia and allows us to ask what has come out of the evolution of societies – from tribes to kingdoms and nations – and out of the joint evolution of the major activities: religion, politics, economics, information. Competitive sport is part of this. It first appeared when the ancient Greek tribes required more discipline in order to found their city-states. Its importance diminished as it became replaced with religious rituals organising the days, the weeks, the years. It was reborn when nations combined their economy and information in order to overcome the failures of their kingdoms. It has exploded with globalisation. This is when one must understand the glories of the languages and cultures of the British and French nations. Britain, from its Parliament, knitted together kingdom and nation, “economy, democracy and sport”. It handed back to other nations the ancient Greek treasure of athletic competition. In France, Pierre de Coubertin carried the torch, having given to the world the universality of the modern Olympic Games. The best and the worst are still possible, because the language of sport is firstly human and only then angelic or devilish. It invites a happy mediation of opposing sides, a playful simulation of the world’s future. It invites every one of us to understand it and contribute to it. 

Keywords: Britain, France, sports, nations, globalisation, Olympics 

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2009. Les sports et les Jeux Olympiques dans le devenir des sociétés 

Des Grecs à la mondialisation olympique actuelle Synergies Chine n°4, 2009, p. 173-186, Sylvains-les-Moulins, Gerflint.

Introduction : Du microscope de la psychologie au « macroscope » de la géohistoire 

Résumé : Comprendre la signification profonde des sports et de l’Olympisme requiert de les voir à l’oeuvre dans l’histoire longue. Au cours de leur croissance, les sociétés humaines changent de forme et connaissent alors un moment très critique. L’institution sportive est l’une des grandes médiatrices de ce moment. Dans la mutation des tribus aux royaumes, les Grecs inventent les Jeux Olympiques ensuite interdits par le christianisme. Dans la mutation des royaumes aux nations marchandes, l’aristocratie britannique réinvente les sports institués qui gagnent les autres nations. Dans la mutation actuelle des nations à la mondialisation, les Jeux Olympiques modernes sont réinventés dans une perspective mondiale avec Pierre de Coubertin. Nous, qui vivons au coeur de cette médiation sportive, devrions enfin la comprendre comme « symbolique en acte » d’une conversion des violences en cours et à venir. 

Mots-clés:Histoirelongue, mutation des sociétés, tribu, royaume, nation, mondialisation, violences, médiation sportive, symbolique en acte, Pierre de Coubertin. 

摘要 : 如果要深刻理解体育和奥林匹克的意义, 我们应该从长远的历史角度来看。在人类社会 的发展过程中,社会形式在改变,同时经历关键时刻。此时,体育发挥了重要的协调作用。 在部落向王国转变的时期,希腊人发明了奥运会,但随后又被基督教所禁止。在王国向贸易 国转变的时期,英国贵族重建体育规则,并将之传播到其他国家。在向全球化转变的过程 中,具有全球性的现代奥林匹克运动会在皮埃尔德顾拜旦的倡导下诞生了。今天,我们在这 体育运动会中间应当认识到它是转变目前和未来暴力的“行动符号”。

关键词: 悠久历史;社会变动;部落;城邦;国家;全球化;暴力;体育协调;行动 符号 ; 皮埃尔德顾拜旦

Abstract: Sports and the Olympics should be observed in a long perspective of History if we want them to be understood in depth. As human societies grow, they evolve and face critical times. Sports have played a role of mediation in these critical times. The Greeks invented the Olympic Games in the time when tribes became kingdoms. Olympics Games have been forbidden by Christianity. British Aristocracy recreates sports establishment which spilt over into other nations in the time when kingdoms became trading nations. Pierre de Coubertin puts Olympics Games again into world perspective in a time when nations move to globalisation. We should now understand the mediation through sports as “as symbol in action” which transforms violence in present time and in the future. 

Key words: Long perspective of History, evolution of societies, tribes, kingdom, trading nation, globalization, violence, mediation through sports, symbol in action, Pierre de Coubertin. 

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Aujourd’hui, nombre de personnes et de groupes idéalisent les sports, tandis que d’autres les diabolisent. Selon les circonstances, une seule et même personne peut osciller entre ces deux positions. Le chercheur peut prendre son « microscope » pour étudier la complexité psychologique, « l’insociable sociabilité ». « Nature humaine et violence » est alors son thème. Mais le chercheur a une autre possibilité, trop peu utilisée, celle de la géohistoire du très long terme, mise en évidence par les « nouveaux historiens » comme Fernand Braudel (1). Pour faire comprendre que cette géohistoire globale est une méthode, le systémicien Joël de Rosnay (2) lui a donné un nom spécifique : le « macroscope ».

C’est ce macroscope de la géohistoire que nous allons utiliser pour étudier les conditions d’apparition et de disparition des « sports institués » pendant trois millénaires de l’aventure humaine. Cela nous permettra de comprendre autrement les sports et de situer les polémiques qu’ils engendrent de nos jours.


1/ Des Jeux olympiques grecs à la renaissance britannique des sports 

2/ Renaissance de Jeux olympiques mondiaux et violences nationalistes du XXe siècle 

3/ Religion, politique, économie, information : rien d’humain n’est étranger au sport 

4/ Occident, Chine et Jeux olympiques : une longue histoire 

5/ Mondialisation et triple planétarisation des sports 

6/ Le sport, un match permanent entre opposés mis en jeu et en spectacle 

7/ Le « corps omnisports », médium mondial 

8/ Sports et constructions des sociétés : du local au planétaire 

Bibliographie 

2008. Rien d’humain n’est étranger aux sports. Les Jeux olympiques, de la Grèce ancienne à la Chine moderne. Entretien avec Jean Moreau, Le Maillon

2007 « La planète des sports en trois mondialisations », dans La Révolution prolétarienne758, spetembre.

« Le rugby est partout !». En fait, le rugby ne concerne encore qu’une vingtaine de nations mais c’est une nouvelle frontière dans la mondialisation, un nouveau marché qui s’ouvre. La première mondialisation des sports est celle des compétitions qui s’étendent et sont retransmises sur la planète avec, au sommet, les Jeux Olympiques d’hiver et d’été. Seconde mondialisation, celle des nouvelles pratiques sportives qui s’engagent dans une conquête généralisée de la nature partout et par tous : sur les reliefs, dans les vents, les vagues et les neiges.  Enfin, la troisième mondialisation réunit les compétitions exceptionnelles qui défient la nature à travers la conquête de la planète : terrestre, maritime, aérienne, et déjà astronautique.

1/ Un Rugby médiatique, marchand, mondial ! 

2/ Extension, spectacularisation, retransmission planétaires des compétitions sportives 

3./ De la compétition exacerbée à la contre-culture sportive 

4./ La conquête sportive de la nature partout et par tous 

5./ La prolifération des nouvelles pratiques sportives 

6./ Les NPS dans la mondialisation technologique, médiatique et commerciale 

7./ La conquête sportive terrestre et maritime de la planète 

Bibliographie 

2005. J. Demorgon : Les sports dans le devenir des sociétés. Médiations et MédiasL’harmattan :


Pour accéder au document, cliquer sur son titre souligné : 
I/ Les Sports dans le devenir des sociétés : Une de couverture à l’horizontale  
II/ Les Sports dans le devenir des sociétés : Une de couverture à la verticale  
III/ Quatrième de Couverture  
V/ Note aux libraires 
VI/ Extrait de l’ouvrage : Le sport, la vie, la mort
VII/ Extrait de l’ouvrage : Religions, femmes et sports
VIII/ Extrait de l’ouvrage : Sport et violences : un calendrier meurtrier 1964-2001

Cf. aussi le site « pedagopsy.eu » (Jacques NIMIER) http://pedagopsy.eu/livre_sport_demorgon.html

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 « Les sports dans le devenir des sociétés. L’invention des jeux olympiques modernes par Pierre de Coubertin », dans Actes du colloque Pierre de Coubertin, Reims, 2005.


1/ Le microscope de la psychologie et le « macroscope » de l’histoire 
2/ Naissance, renaissance puis déploiement planétaire des sports « institués » 
3/ Coubertin : le défi éthique incompris avant les violences meurtrières extrêmes du XXe siècle 
4/ Coubertin : l’anticipation des sociétés informationnelles mondiales 
5/ Coubertin compris : les sports, non des faits « bruts » mais un enjeu permanent 
6/ Sport, information, démocratie : une conjonction d’hier à demain ? 
Compléments biblographiques de J. Demorgon 

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 « L’articulation des contraires et sa mise en jeu dans les sports : logiques sociales de l’exercice sportif » dans Actes du Congrès international de la Société française de psychologie du sport, Reims, 2005.

1/ L’exercice sportif : action et représentation 
2/ Individus et collectifs, le lien social 
3/ Égalité, inégalité : la compétition coopérative 
4/ L’articulation des opposés : en jeu et spectacle 
5/ Catharsis ou mimesis de la violence ? 
6/ Corps omnisports médium mondial 
7/ Exercice sportif et ouverture de la construction sociale 
Bibliographie 

2003. « Le Mondial dans le mondial », chapitre dans B. Leconte e.a., Sport et télévision, L’Harmattan, 2003.

Le “mondial ” dans le mondial -Sport, télévision et lien humain 

Un coup d’oeil rétrospectif et un peu approfondi sur l’histoire nous conduit à nous interroger sur le rapport entre les types de société et le rôle joué par les sports et leur spectacle. Un certain nombre de données s’imposent. Par exemple, dans la société grecque, les sports semblent bien relever du religieux. 

A l’opposé, la Chrétienté ne leur a pas été favorable, les tolérant à la marge. Avec la genèse des nations modernes et d’abord de la Grande Bretagne les sports et leur spectacle ont retrouvé une fonction importante. On le sait cette genèse de la modernité repose sur une nouvelle primauté, celle de l’économie et de l’information associées, contrôlant le religieux et le politique. Or cette genèse culturelle d’abord européenne puis américaine est aujourd’hui dans sa phase de mondialisation. Les sports et leurs spectacles prennent dès lors une importance nouvelle et considérable. Qu’est-ce qui se joue là ? Nous avons déjà cherché quelques éléments de réponse (1). Nous poursuivons ici ce travail à partir de l’expérience du Mondial de football mais aussi de quelques travaux que les uns et les autres mènent dans des perspectives qui nous paraissent proches des nôtres (2).

1/. Une télévision mondialisée 

2/ langage “universel” du sport et lien mondial. 

3/ l’intégration sportive-télévisuelle du national dans le mondial 

4/. le ralliement des femmes 

5/ Un nouveau lien humain mondial 

6/ “l’arrêt Bosman” Annexe. 

Orientations bibliographiques complémentaires 

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2002 In L’histoire interculturelle des sociétés, 2e éd. revue et augmentée d’une postface : Une information monde

3e partie. L’Europe et l’informationnel mondial

XIV. La sportivisation mondiale, p. 227-245

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Jacques Demorgon : Interkulturelle Geschichte der Gesellschaften 

auf Deutsch – Traduction inédite (OFAJ-DFJW : Hella BEISTER ) de L’HISTOIRE INTERCULTURELLE DES SOCIÉTÉS Une information monde. 2e édition revue et augmentée Paris : Economica.

Kapitel XIV. Die weltweite Versportlichung

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1998. Demorgon Jacques. Le spectacle des sports. C’est bien plus qu’on ne pense ! La sporTiVisation mondiale. In: Communications, 67, 1998. Le spectacle du sport, sous la direction de Bernard Leconte et Georges Vigarello. pp. 117-134.

Plan

Jacques Demorgon

4e de couv. On rencontre des personnes et des groupes idéalisant les sports, et d’autres les diabolisant. Davantage, une même personne peut faire l’un et l’autre, parfois en même temps. Le chercheur est perplexe. Prendra-t-il son microscope pour étudier la complexité de l’âme humaine ? Ou, comme ici Jacques Demorgon, choisira-t-il son « macroscope » pour étudier les sports dans le devenir des sociétés, et par là-même, les médiations et les média ?

Il doit alors repérer trois grands moments historiques pour les sports : leur invention grecque, leur renaissance « anglaise », leur projection occidentale sur la planète entière. Dans les deux premiers cas, l’événement est peut-être trop loin et, dans le troisième, trop proche. Pourtant, ce changement de focale n’empêche pas de faire la même découverte : celle d’une transition exceptionnelle d’une grande forme de société à la suivante : des communautés aux royaumes pour les Grecs, des royaumes aux nations pour les Anglais et pour nous ; aujourd’hui, des nations aux récentes sociétés d’économie globalisée.

Les sports y ont, a chaque fois, un singuliel rôle de liant en résonance avec le religieux. le politique, l’économie et l’information. Ce rôle opére en relation à des situations de violence menaçant tout un ensemble de sociétés. C’est vrai hier, des mondes hellénique, européen, et aujourd’hui planétaire. Les sports s’y inventent. s’y réinventent, s’y déploient en écho et en médiation.

La méthode nouvelle de l’information globalisée – géohistorique, systémique, implicante – qui structure les trois parties de l’ouvrage, peut seule éclairer cet « avec contre » caractéristique des sports et de notre ambivalence à leur égard. Grâce à elle, il est désormais possible que cesse de crier dans le désert la profonde voie médiatrice des sports. Elle peut maintenant traverser les vrombissements des courses et les violentes clameurs des stades.

Jacques Demorgon : Les sports dans le devenir des sociétés. Médiations et média 

Recensions : Jean François Diana, Jean Dury, Pierre Alban Delannoy 

Jean François Diana

https://journals.openedition.org/questionsdecommunication/5812?lang=fr

Référence électronique: Jean-François Diana, « Jacques Demorgon, Les sportifs dans le devenir des sociétés. Médiations et média », Questions de communication [En ligne], 8 | 2005, mis en ligne le 29 mai 2012, consulté le 19 avril 2020. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/5812

CREM, université Paul Verlaine- Metz

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Jean Durry, Grand Spécialiste du Sport

Recension de « J. Demorgon, Les sports dans le devenir des sociétés, Médiations et media, dans le Bulletin critique du Livre en Français (BCLF, Président : Jean Durry ) n° 678, Paris, février 2006, p.41-42 :

Parmi la masse des actualités éphémères et des analyses redondantes, il est précieux que certains se sentent et se montrent capables de dégager des lignes fortes, érigeant tout d’un coup un signal lumineux et dotant les lecteurs de nouvelles clés. Car l’audace et le courage de ceux-là balisent le chemin, éclairent la route, susceptibles qu’ils sont de faire avancer la réflexion et les débats à partir des hypothèses qu’ils auront formulées. 
C’est le cas de cette construction sur Les Sports dans le devenir des sociétés proposée par Jacques Demorgon. Le lecteur passera donc sur diverses inexactitudes, dues peut-être à une documentation un peu rapidement assemblée et exploitée ; ou sur le recours fréquent à la citation de textes pris comme référence et support alors qu’ils auraient eux-mêmes mérité discussion. 
En revanche, on se concentrera sur l’apport intellectuel de la démonstration menée à grande allure. Familier de « l’histoire interculturelle des sociétés » et de la médiatisation mondialisée, l’auteur procède en trois étapes. Vient d’abord l’approche par « l’histoire longue » étayant que le sport a pris une position forte et de « liant » lors de trois moments de fracture sociale : lorsque la Grèce passe des communautés tribales aux micro-sociétés royales, lesquelles n’excluront pas la démocratie aristocratique des cités ; celui où l’Angleterre est passée de la société royale, assortie d’un Parlement, à la prédominance des marchands ; enfin, récemment, lorsque des sociétés nationales on évolue, rapidement, vers des sociétés d’économie informationnelles et globalisées. Puis, entrent en jeu les systèmes, plus ou moins dominants selon les périodes – religieux, politiques, économiques et informationnels donc – avec mise en évidence de la polyvalence interculturelle des sports en éloignant les « thèses extrêmes (les) magnifiant ou les diabolisant ». Enfin, la confrontation entre « l’esprit des lois », les institutions et « l’esprit des sports » situe bien ces derniers « au cœur de l’interaction entre pensée identitaire (clubs, équipes, disciplines, vainqueurs) et pensée antagoniste. (…) Il ne s’agit (….) de rien de moins que de figurer, de façon décalée, la possibilité des humains de vivre ensemble avec leurs contradictions ». 
L’ultime phrase du livre ouvre de vastes champs de pensée et dit l’intérêt de cette prospective ambitieuse : « l’extension et la densité du déploiement des sports, en ce début du XXIe siècle, devraient être interrogées, dans le contexte d’une possible parade à la guerre des mondes que certains trouvent déjà commencée et d’autres encore promise. »

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Jacques Demorgon, Les sports dans le devenir des sociétés. Médiations et média, Éd. L’Harmattan, 2005, 268 p. 

Recension Par Pierre Alban Delannoy in Anne Goliot-Lété, Le film architecte, p. 226-227, in Les Cahiers du CIRCAV, n° 17, décembre 2005, Lille 3 https://gerflint.fr/Base/MondeArabe4/recensions.pdf

Quels rôles peuvent avoir les sports dans l’évolution des sociétés ? Telle est la question à laquelle cherche à répondre cet ouvrage. Il ne s’agit pas de montrer « comment les sociétés expliquent les sports et encore moins l’inverse », mais de quelle manière les unes et les autres arrivent parfois à « s’engendrer ensemble, déterminant des moments exceptionnels dans l’histoire humaine ». 

Dans une approche à la fois historique et systémique, Jacques Demorgon s’appuie sur l’idée que se sont succédées au cours de l’histoire quatre grandes formes sociétales :la société tribale ou communauté, la société royale-impériale, la nation marchande et, aujourd’hui, la société « d’économie informationnelle mondiale ». Par ailleurs, chaque forme sociétale est le produit de quatre grands secteurs d’activités : religieux, politique, économique et informationnel. 

Jacques Demorgon montre que les sports apparaissent dans l’histoire à des moments cruciaux caractérisés par des situations de violence guerrière qui manifestent des fractures entre deux formes sociétales. L’auteur identifie trois moments historiques exceptionnels pendant lesquels les activités sportives assurent un rôle de médiation. 

Dans l’Antiquité, les Grecs ont inventé les jeux sportifs sur la ligne de transition entre tribus et royaumes. Les Anglais ont créé les sports au moment où l’on passe en Europe des royaumes aux nations. 

Aujourd’hui, le sport, sous la forme médiatique (que l’auteur appelle « sporTVsation »), apparaît au cœur d’une autre transformation sociétale : le passage des nations aux sociétés d’économie globalisée. 

Au cours du XXème siècle déchiré par deux guerres mondiales et la guerre froide, une nouvelle grande ligne de fracture est apparue entre les pays de forme nationale et ceux qui sont déjà orientés dans la perspective de l’économie informationnelle mondialisée. Sur cette fracture, les sports ont proliféré « comme une sorte d’alternative impossible. »
Tandis que le politique cherche à se construire à l’échelle continentale et planétaire (UE, ONU, OMC…), les sports occupent une place de « liant multiréférentiel » entre le local, le national et le mondial. Cette prolifération des sports s’est appuyée sur l’alliance de l’information et de l’économie mondialisée, grâce à la télévision. 

On le voit, cet ouvrage est bien plus qu’une étude sur la place des activités sportives dans la société : en interrogeant l’histoire sur le long terme, son auteur examine la manière dont s’opèrent les transformations des sociétés et comment s’inventent des nouvelles formes de culture comme celles du sport. Il permet de porter sur notre présent un regard extrêmement roboratif et régénérant.