Word World (par Jacques Demorgon)

C.F. ACTUALITÉS – PANDÉMIE – COVID-19 – Philippe Descola – 

Philippe Descola, Auteur-Monde, est professeur émérite au Collège de France, titulaire de la Chaire d’Anthropologie de la Nature de 2000 à 2019.

Pour Philippe Descola – anthropologue, médaille d’or du CNRS en 2012, grand spécialiste des populations amérindiennes d’Amazonie : « la pandémie de Covid-19 peut être l’occasion de remettre en cause les liens que l’homme occidental entretient avec la nature et d’imaginer de nouvelles formes de société« .

Sources : Philippe Descola, Le Journal du CNRS, 03.06.2020 : « Il faut penser les rapports entre humains et non-humains » par Francis Lecompte.

 « Nous sommes nous-mêmes des écosystèmes complexes dans lesquels il n’est pas facile de démêler l’humain du non-humain. »

Philippe Descola, Le Journal du CNRS, 03.06.2020 : « Il faut penser les rapports entre humains et non-humains » par Francis Lecompte.

Analyses effectuées par Jacques Demorgon : Ph. Descola, AuteurMonde

Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Gallimard, 2015 (2005).

In J. Demorgon: L’homme antagoniste (2016) Chapitre XVII. Humains et non Humains: L’anthropologie des mondes.

  • 1. Descola: l’anthropologie ensembliste.
  • 2. Quatre mondes: totémisme, animisme, analogique, naturalisme
  • 3. Quatre mondes et six relations.
  • 4. Des relations privilégiés par le totémisme et l’animisme.
  • 5. Des relations privilégiées par l’analogisme
  • 6. Naturalisme et crise générale des relations

In Demorgon JacquesOmul Antagonist. (2017) Traducere din limba franceză de Victor Untilă. Bucuresti: Ed. F. Romania de Mâine. Capitolul XVII. Fiinte Umane Si Nonumane: Antropologia Viziunilor Asupra Lumii.

  • Descola: antropologia asamblistă
  • Cele patru viziuni asupra lumii: totemismul, animismul, analogismul, naturalismul
  • Cele patru viziuni asupra lumii si cele sase relatii
  • Relatiile privilegiae în totemism si animism
  • Relatii privilegiate în analogism
  • Naturalismul si cria generală a relatiilor

In Émission Présence et Liberté – Radio Judaïques FM – le 10-02 2009 Jean Moreau s’entretient avec Jacques Demorgon à propos de : Philippe DescolaPar-delà nature et culture, Gallimard, 2015 (2005).

Analyse par J. Demorgon In Revue du Gerflint: Synergies Algérie n°1 – 2007 pp. 259-265  


Dans « Par-delà nature et culture », Philippe Descola veut en finir avec l’« humanisme épuisé » de l’anthropologie. Un tel dualisme pensé comme définitif doit être remis à sa place. Ce n’est là qu’une vision du monde qu’il nomme « naturalisme » et qu’il traite d’« anthropocentrisme ». En effet, ce « naturalisme », au plan physique, définit tous les existants comme assimilables sur la base des sciences physico-chimiques mais, au plan de l’intériorité, pose les humains comme radicalement différents du monde non humain, en leur réservant la culture et la science. Cet « anthropocentrisme » doit être corrigé en nous référant à trois autres grandes « identifications » du monde. « L’animisme » inverse les prémisses du « naturalisme » : si, humains et non humains diffèrent au plan physique, ils sont semblables au plan de l’intériorité puisque tous peuvent communiquer entre eux. C’est là, pour l’auteur, un « anthropogénisme ». On a encore deux autres grandes identifications possibles du monde. Dans le « totémisme », la similitude l’emporte sur les deux plans. Humains et non humains sont produits ensemble dans des classes totémiques, avec des « attributs matériels et spirituels communs ». L’auteur définit donc le totémisme comme un « cosmogénisme ».
Enfin, dans « l’analogisme », ce sont, cette fois, les différences qui l’emportent entre humains et non humains : tant au plan physique qu’à celui de l’intériorité. Toutefois, au cœur de cette extrême diversité, ils sont, les uns et les autres, référés à des analogies et à des hiérarchies qui les composent au sein d’un « cosmos organisé comme une société », ce que l’auteur nomme justement « cosmocentrisme ». Comment passer de cette logique analytique aux concrétudes ethnologiques et historiques des sociétés ? D’abord, si dans tel ensemble humain, l’une ou l’autre de ces visions est dominante, elle n’est pas pour autant exclusive d’une présence dominée des autres visions. Ensuite, chaque grande vision du monde est aux prises avec le jeu différent de relations inégalitaires : production, protection, transmission – ou réversibles : échange, prédation, don.
L’auteur donne de nombreux exemples de cette complexité. Mais peut-on se dispenser d’une référence à l’évolution : animisme et totémisme primant dans les communautés et tribus ; l’analogisme, dans les empires ; et notre naturalisme, dans la modernité ? L’auteur fait un pas en ce sens, soulignant avec Granet, la prégnance de l’analogisme en Chine et en Inde. Le progrès en anthropologie doit tourner le dos à notre anthropocentrisme et découvrir plutôt notre faillite interculturelle. L’Orient et l’Occident ne se sont peut-être toujours pas rencontrés ! La révolution épistémique qu’opère Philippe Descola conduit l’anthropologie à devenir une autre science désormais aussi au service de l’avenir.

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LE 20/04/2020 france Culture – 38 minutes: « Face au monstrueux choc épidémique des grandes conquêtes, les peuples amérindiens ont utilisé la dispersion pour survivre ….

Alors que le monde est à l’arrêt, nous observons de notre fenêtre le printemps s’épanouir. Et si, paradoxalement le fait d’être coupé de la nature nous en rapprochait ? Comment repenser la cohabitation entre l’homme et les non-humains ? » 

Philippe Descola, Émission « L’invité des matins » (38 mn) France Culture, le 20.04.2020:

Bibliographie

  • Descola Ph. 2020. « Nous sommes devenus des virus pour la planète » Le Monde, publié le 20 mai – par Nicolas Truong.
  • Descola Ph. 2020. « Face au monstrueux choc épidémique des grandes conquêtes, les peuples amérindiens ont utilisé la dispersion pour survivre », Émission « L’invité des matins » (38 mn) France Culture, le 20.04.2020.
  • Descola Ph. 2019. Une écologie des relations, CNRS Éd.
  • Descola Ph. 2019. A propos de Par-delà nature et culture ? Entretien animé par Olivier Dekens. Festival 2019 « Oh les beaux jours », Marseille, 28 mai-2 juin.
  •  Descola Ph. 2018. Les natures en question, Éd. Odile Jacob.
  • Descola Ph. 2017. La composition des mondes, Entretiens avec Pierre Charbonnier, Éd. Flammarion.
  • Descola Ph. 2015, 2005. Par-delà nature et culture. Gallimard
  • Descola Ph. 2014. La composition des mondes. Flammarion
  • Descola Ph. 2010. L’écologie des autres: L’anthropologie et la question de la nature. Éd. Quae.

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