Word World (par Jacques Demorgon)

a./ La première méthode comparative-descriptive met en évidence les limites de l’universalisme naïf et permet de découvrir les nombreuses « différences » ou variations culturelles. Manières de se saluer, de recevoir, d’offrir un cadeau, de négocier un contrat, de monter un projet commun. Prises en compte des générations. Ou encore des conditions : masculine, féminine et transgenre.

b./ Ces observations et constats référés les uns aux autres permettent aux comparaisons d’élaborer ce qui, d’une culture à l’autre, est plus semblable ou plus différent. D’où l’intérêt de cette 1èreméthode : elle permet de prévoir l’éventualité de difficultés relationnelles et coopératives, et de chercher à y remédier.

c./ Par contre, cette 1èreméthode ne permet pas de comprendre les genèses géo-historiques qui ont rendu ces cultures différentes. Il y faut la 2e : la méthode compréhensive-explicative. Elle s’appuie sur la géographie, l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, la biologie, la psychologie, etc.

d./ La méthode compréhensive explicative relie l’invention des cultures aux situations et aux actions. Elle s’interroge sur les relations entre les grandes Activités inventées et instituées (Religion, Politique, Économie, Information). Comment ces relations produisent les grandes Formes de société : « tribale, impériale, nationale, mondiale » ?

e./ À ces deux précieuses méthodes, une troisième doit désormais s’ajouter : la méthode dialogique implicative. En effet, nous ne sommes jamais seulement pure connaissance. L’existence humaine est stratégie en mouvement, évolutive, oscillatoire. Nous vivons, pensons, agissons, souhaitant nous orienter vers telle action.

f./ Nous sommes impliqués, tributaires aussi d’incertitudes. Est-ce que je prends la bonne décision ? Question quasi-quotidienne !

g./ La « méthode dialogique implicative » est indispensable à la prise en compte de l’hyper-complexité existentielle, individuelle et collective, reliant « passion, connaissance, être et action ».

h./ Nous éprouvons le réel du monde et des autres, en même temps que nous nous éprouvons nous-même. La « méthode dialogique implicative » ne sépare pas les genèses culturelles des conditions géohistoriques diverses d’implication dans lesquelles se (re) trouvent l’ensemble des acteurs humains.

i./ Malheureusement, cette méthode est souvent ignorée, omise ou négligée. Pourtant, l’acteur est bien obligé de situer son action dans la complexité de celle des autres acteurs. Il doit même le faire en tenant compte de tous les niveaux de conduite : personnes, groupes, sociétés, continents, planètes.

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