Word World (par Jacques Demorgon)

a./ La connaissance même élémentaire des publications de Jacques Demorgon met en évidence, dès leurs titres, une référence au concept d’« interculturel ». C’est le cas avec L’exploration interculturelle. Pour une pédagogie internationale (1989). De même, avec Complexité des cultures et de l’interculturel (1996) et L’histoire interculturelle des sociétés (1998).

b./ Toutefois il est facile de percevoir que chaque titre contient déjà sa propre réserve. On explore. C’est complexe. Il faut se référer à l’histoire.

c./ Dès la décennie 1980, l’interculturel idéalisé est perçu sur le terrain des rencontres. À l’évidence cet interculturel n’est pas en phase avec la réalité des conduites franco-allemandes héritées de l’histoire. Ce n’est d’ailleurs qu’un constat retardé de ce que la grande politique révèle quand le projet d’une communauté européenne de défense (CED) est suspendu en Italie et rejeté en France (août 1954).

d./ Moins de dix ans après, c’est si bien compris qu’Adenauer et De Gaulle signent le Traité de L’Élysée (1963) inventant l’un des remèdes : un « Office des jeunesses » (OFAJ, DFJW) prenant en charge des rencontres ouvertes régulières entre jeunesses allemandes et françaises. Elles sont à l’occasion partiellement puis plus souvent étendues aux autres pays.

e./ En 1983, l’Ofaj célèbre à la Maison de l’Europe les vingt ans du traité fondateur. J. D. y fait une intervention au titre sans équivoque « Confus, simple et complexe dans la communication (inter)culturelle » Elle sera suivie de réserves même à l’égard des célèbres opuscules d’ E.T. Hall.

f./ Rien d’étonnant à ce qu’un important changement de paradigme s’affiche à travers le concept d’« interculturation » posé dès le titre : L’interculturation du monde (2000).

g./ Les problématiques des rencontres réfléchies sont l’objet d’une intégration méta-communicative et métacognitive du psychologique en direction du sociétal et de l’histoire. Elles lèvent ainsi la coupure « connaissance, action ». Langage en représentation (insuffisant) et langage en acte (à vif souvent) ont l’occasion de se découvrir et de se réengendrer ensemble.

Retour au sommaire II. WW:  « le Coeur »